Mike ATANGANA

Mike ATANGANA

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Lors de l’atelier régional consacré à l’opérationnalisation du Collège des jeunes entrepreneurs agricoles de la PROPAC, organisé à Douala du 3 au 6 novembre avec l’appui d’Afdi (Agriculteurs français et développement international), la délégation du Tchad a livré une contribution structurée et engagée. Les représentants du Collège national des jeunes du CNCPRT (Conseil National des Producteurs Ruraux du Tchad) ont présenté une analyse approfondie du parcours d’insertion des jeunes dans l’agriculture, mettant en lumière les blocages structurels persistants et les leviers d’action mobilisables.

Des profils engagés, confrontés à des freins multiples

La présentation a révélé la diversité des profils de jeunes agriculteurs : géographes, techniciennes agricoles, spécialistes en semences, entrepreneures rurales. Certains sont déjà installés avec des mini-fermes, des magasins de stockage ou des équipements de transformation. Mais l’accès aux facteurs de production — foncier, financement, intrants — reste limité, freinant leur autonomisation et leur montée en puissance dans les chaînes de valeur.

Le marché, un maillon encore fragile

Les jeunes font face à un manque d’infrastructures routières, à une faible maîtrise des mécanismes de fixation des prix et à une absence de stratégie marketing autour des produits locaux. Résultat : des stocks de céréales et de semences invendus, faute de débouchés structurés et de visibilité commerciale.

Des politiques publiques ambitieuses, mais peu opérationnelles

Le Tchad dispose d’un Plan national d’investissement du secteur rural intégrant des volets sur la productivité et l’emploi des jeunes. Mais la mise en œuvre reste entravée par des moyens institutionnels insuffisants, un encadrement rural limité et une faible coordination entre les ministères concernés. Les dispositifs de microfinance, bien que nombreux, n’ont pas permis de répondre efficacement aux besoins des jeunes ruraux.

Une offre d’appui dispersée et difficile d’accès

Plusieurs acteurs interviennent dans l’accompagnement des jeunes :

  • Les ministères sectoriels, via des projets soutenus par la FAO, le FIDA, la BAD ou le PNUD

  • Le CNCPRT, qui structure les jeunes et négocie des financements avec des partenaires comme Afdi ou Oxfam

  • Des ONG et incubateurs tels que COPIDEV, JOB BOOSTER ou WENAKLABS

Mais les procédures restent complexes, les exigences administratives élevées, et l’information peu accessible. Certaines zones rurales sont perçues comme trop risquées par les bailleurs, accentuant l’exclusion.

Des solutions concrètes portées par les jeunes du Tchad

Face à ces défis, la délégation tchadienne a proposé des mesures structurantes, directement issues des réalités du terrain :

  • Création d’un fonds spécial pour les jeunes agripreneurs Ce fonds permettrait de contourner les barrières classiques du crédit bancaire (garantie, taux d’intérêt) et de soutenir les jeunes porteurs de projets agricoles avec des conditions souples et adaptées à leurs réalités. Il favoriserait l’installation, l’innovation et la résilience économique.

  • Simplification des démarches administratives Les jeunes demandent une réduction des formalités complexes qui freinent l’accès aux dispositifs d’appui. Une simplification des procédures — notamment pour les coopératives et les microentreprises — permettrait une inclusion plus large et rapide.

  • Mise en place d’une plateforme numérique unique Cette plateforme centraliserait les appels à projets, les formulaires de candidature et les outils de suivi. Elle renforcerait la transparence, limiterait les risques de corruption et faciliterait l’accès à l’information, tout en réduisant les déplacements coûteux.

  • Renforcement des capacités en gestion, marketing et montage de projets Au-delà du financement, les jeunes ont besoin de compétences entrepreneuriales solides pour structurer leurs idées, gérer leurs ressources et accéder aux marchés. Des formations ciblées et continues sont essentielles pour sécuriser leurs parcours.

  • Déploiement d’incubateurs agricoles dans chaque province Ces structures d’accompagnement offriraient un appui technique, logistique et managérial aux jeunes porteurs de projets. Elles joueraient un rôle clé dans l’expérimentation, l’innovation et la mise en réseau des jeunes entrepreneurs.

  • Valorisation du numérique et des coopératives comme garanties mutuelles Le numérique peut faciliter l’accès à l’information, aux marchés et aux services financiers. Par ailleurs, les coopératives peuvent servir de leviers de mutualisation et de garanties collectives, renforçant la crédibilité des jeunes auprès des institutions financières.

  • Amélioration des infrastructures rurales (routes, stockage, énergie) Le manque d’infrastructures freine l’écoulement des produits, augmente les pertes post-récolte et décourage les investissements. Des routes praticables, des centres de stockage et un accès à l’énergie sont indispensables pour sécuriser les chaînes de valeur agricoles.

Une contribution stratégique pour le Collège régional

Ce témoignage structuré illustre les enjeux communs à de nombreux pays d’Afrique centrale. Il confirme la pertinence du Collège régional comme espace de capitalisation, de dialogue et de plaidoyer. Les propositions du Tchad pourraient nourrir une campagne régionale sur le financement et l’inclusion des jeunes, avec un impact transversal sur les politiques agricoles.

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Une nouvelle analyse publiée par l’alliance Family Farmers for Climate Action (FFCA) révèle que 2,92 milliards de dollars américains par an sont indispensables pour permettre aux petits exploitants agricoles d’Afrique centrale de faire face aux effets du changement climatique. Ces producteurs familiaux, qui assurent une part essentielle de l’alimentation régionale et cultivent des produits d’exportation stratégiques tels que le café, le cacao et le coton, sont aujourd’hui confrontés à une urgence climatique sans précédent.

1 average daily cost 1200x675 frL’étude, rendue publique à la veille du Sommet des Nations unies sur le climat au Brésil, met en lumière le rôle central des petits producteurs dans la résilience des systèmes alimentaires et la préservation des écosystèmes, notamment à travers des pratiques agroécologiques comme l’agroforesterie, qui contribuent à restaurer et protéger la forêt du bassin du Congo.

Un financement largement insuffisant

Le rapport souligne un écart alarmant entre les besoins réels et les financements disponibles : en 2021, seulement 20 millions USD issus du financement public international pour le climat ont été alloués aux petits exploitants d’Afrique centrale — soit à peine 0,61 % des besoins estimés.

Pour combler ce déficit, l’analyse propose une répartition des investissements nécessaires :

  • 2,19 milliards USD pour promouvoir des pratiques agricoles durables et résilientes ;

  • 670 millions USD pour mettre en place des systèmes d’alerte précoce et des filets de sécurité tels que l’assurance récolte ;

  • 60 millions USD pour développer des services numériques, notamment des prévisions météorologiques localisées.

La voix de la PROPAC : appel à l’action

3 farms of 10 hectares 1200x675 fr 1Dans une déclaration forte, Kolyang Palebele, Président de la Plateforme régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (PROPAC), rappelle :

« Les petits producteurs familiaux sont en première ligne face aux dérèglements climatiques, mais en dernière position lorsqu’il s’agit d’accéder aux financements. »

La PROPAC salue la publication du rapport Nourrir le monde dans un climat changeant, qui met en lumière une vérité trop souvent ignorée : l’adaptation climatique ne sera possible que si les petits producteurs sont financés, reconnus et accompagnés.

Face à cette situation, la PROPAC lance un appel :

  • À la création d’un Fonds pour les agriculteurs, accessible aux organisations paysannes et aux communautés rurales ;

  • À une reconnaissance politique et financière du rôle des producteurs familiaux dans la lutte contre le changement climatique ;

  • À un engagement fort des bailleurs, des gouvernements et des institutions régionales pour soutenir l’agroécologie, la résilience et l’inclusion.

« L’avenir de l’agriculture passe par ceux qui la font vivre au quotidien. », conclut M. Palebele.

Un enjeu mondial

À l’échelle mondiale, 443 milliards de dollars singapouriens par an seraient nécessaires pour couvrir les coûts d’adaptation des petits exploitants agricoles, qui produisent la moitié des calories alimentaires mondiales. Ce montant représente un tiers des 1 400 milliards USD dépensés par les pays en développement pour le service de la dette en 2023.

Yaoundé, Cameroun — Dans une dynamique de coopération renforcée, la Plateforme Régionale des Organisations Paysannes d’Afrique Centrale (PROPAC) a accueilli, en ses locaux, M. Éric Rwabidadi, Directeur pays du FIDA au Cameroun et représentant du bureau multi-pays pour l’Afrique centrale, pour une visite officielle placée sous le signe du dialogue et de la consolidation des partenariats.

DSC 0852Cette rencontre s’inscrit dans la continuité des engagements communs entre le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) et la PROPAC, en faveur d’une agriculture familiale inclusive, durable et résiliente. À l’ouverture des échanges, M. Rwabidadi a salué l’accueil chaleureux de la plateforme et réaffirmé l’engagement du FIDA à accompagner les organisations paysannes dans leurs efforts de transformation. Il a également exprimé sa volonté d’approfondir les domaines de collaboration, en cohérence avec les priorités agricoles régionales.

Prenant la parole, M. Drem Taing Toutkoul, Coordonnateur régional de la PROPAC, a présenté les missions de la plateforme, ses axes d’intervention et son rôle stratégique dans la structuration des organisations paysannes à l’échelle régionale. Il a rappelé les partenariats historiques avec le FIDA, notamment à travers les programmes PAOPA, FO4ACP, SAFE et FO4Impact, qui ont permis de renforcer les capacités des organisations membres, de promouvoir l’agroécologie, l’inclusion des jeunes et des femmes, ainsi que le dialogue des politiques agricoles.

Les échanges ont permis d’identifier plusieurs défis majeurs à relever pour consolider les acquis et ouvrir de nouvelles perspectives. L’accès aux financements climatiques figure parmi les priorités, dans un contexte marqué par l’urgence d’adapter les agricultures familiales aux effets du changement climatique. La question de la mobilisation des ressources a également été abordée, avec la volonté pour la PROPAC de devenir porteuse de projets d’investissement structurants, tout en assumant une responsabilité active dans leur mise en œuvre.

DSC 0841Les participants ont souligné l’importance de renforcer la mobilisation interne des membres, notamment à travers des mesures incitatives, afin de développer un portefeuille de projets cohérent et ambitieux. La coordination entre les programmes régionaux et nationaux a été identifiée comme un défi structurel, en raison de la souveraineté des États et de la diversité des cadres institutionnels.

Dans cette optique, la PROPAC a exprimé le besoin d’un appui technique ciblé pour renforcer les compétences de ses membres sur les thématiques agricoles prioritaires. La participation active aux webinaires organisés par le FIDA et la mise en place d’un projet d’assistance technique dédié aux enjeux stratégiques du secteur agricole ont été évoquées comme pistes concrètes de collaboration.

Cette visite marque une étape significative dans le renforcement du dialogue entre le FIDA et la PROPAC, et ouvre la voie à de nouvelles synergies régionales

La Confédération Paysanne du Congo (COPACO-PRP), principal regroupement paysan en République Démocratique du Congo, a organisé une cérémonie officielle de remise de matériels de communication à son équipe de presse paysanne. Ce geste stratégique, rendu possible grâce au soutien de La Via Campesina, marque une avancée majeure dans la structuration de la communication rurale.

WhatsApp Image 2025 09 29 à 16.01.00 0af6db3cUne réponse concrète aux défis de la communication rurale

Grâce à cette dotation, la COPACO-PRP entend professionnaliser la presse paysanne, améliorer la documentation des pratiques agroécologiques locales et renforcer le plaidoyer pour des politiques agricoles inclusives. Les équipements remis — caméras, micros, ordinateurs portables et outils de montage — permettront de produire des contenus de qualité, enracinés dans les réalités du terrain.

Une organisation crédible et engagée

Présente dans les 26 provinces du pays, la COPACO-PRP s’impose comme une voix incontournable dans la défense de l’agriculture familiale, de la sécurité alimentaire et de la justice sociale. Son président, Nathanaël Buka, a souligné que « la parole paysanne ne doit plus être périphérique. Elle doit être centrale, audible et respectée. » Cette initiative traduit l’engagement de la COPACO-PRP à renforcer les capacités des communautés rurales et à structurer leur souveraineté narrative.

Une démarche porteuse de dignité et d’espoir

Au-delà des outils techniques, cette action incarne une reconnaissance symbolique du droit des paysans à raconter leur propre histoire. Elle redonne aux communautés rurales les moyens de faire entendre leur voix, de valoriser leurs savoirs et de revendiquer leur place dans le débat public. C’est une démarche qui redonne dignité et fierté aux producteurs locaux.

 

Ce modèle, porté par le partenariat avec La Via Campesina, constitue une référence inspirante pour d’autres pays du Sud, où les voix rurales restent encore trop souvent marginalisées.

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