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Insertion agricole des jeunes au Tchad : état des lieux et perspectives d’amélioration

04 November 2025
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Lors de l’atelier régional consacré à l’opérationnalisation du Collège des jeunes entrepreneurs agricoles de la PROPAC, organisé à Douala du 3 au 6 novembre avec l’appui d’Afdi (Agriculteurs français et développement international), la délégation du Tchad a livré une contribution structurée et engagée. Les représentants du Collège national des jeunes du CNCPRT (Conseil National des Producteurs Ruraux du Tchad) ont présenté une analyse approfondie du parcours d’insertion des jeunes dans l’agriculture, mettant en lumière les blocages structurels persistants et les leviers d’action mobilisables.

Des profils engagés, confrontés à des freins multiples

La présentation a révélé la diversité des profils de jeunes agriculteurs : géographes, techniciennes agricoles, spécialistes en semences, entrepreneures rurales. Certains sont déjà installés avec des mini-fermes, des magasins de stockage ou des équipements de transformation. Mais l’accès aux facteurs de production — foncier, financement, intrants — reste limité, freinant leur autonomisation et leur montée en puissance dans les chaînes de valeur.

Le marché, un maillon encore fragile

Les jeunes font face à un manque d’infrastructures routières, à une faible maîtrise des mécanismes de fixation des prix et à une absence de stratégie marketing autour des produits locaux. Résultat : des stocks de céréales et de semences invendus, faute de débouchés structurés et de visibilité commerciale.

Des politiques publiques ambitieuses, mais peu opérationnelles

Le Tchad dispose d’un Plan national d’investissement du secteur rural intégrant des volets sur la productivité et l’emploi des jeunes. Mais la mise en œuvre reste entravée par des moyens institutionnels insuffisants, un encadrement rural limité et une faible coordination entre les ministères concernés. Les dispositifs de microfinance, bien que nombreux, n’ont pas permis de répondre efficacement aux besoins des jeunes ruraux.

Une offre d’appui dispersée et difficile d’accès

Plusieurs acteurs interviennent dans l’accompagnement des jeunes :

  • Les ministères sectoriels, via des projets soutenus par la FAO, le FIDA, la BAD ou le PNUD

  • Le CNCPRT, qui structure les jeunes et négocie des financements avec des partenaires comme Afdi ou Oxfam

  • Des ONG et incubateurs tels que COPIDEV, JOB BOOSTER ou WENAKLABS

Mais les procédures restent complexes, les exigences administratives élevées, et l’information peu accessible. Certaines zones rurales sont perçues comme trop risquées par les bailleurs, accentuant l’exclusion.

Des solutions concrètes portées par les jeunes du Tchad

Face à ces défis, la délégation tchadienne a proposé des mesures structurantes, directement issues des réalités du terrain :

  • Création d’un fonds spécial pour les jeunes agripreneurs Ce fonds permettrait de contourner les barrières classiques du crédit bancaire (garantie, taux d’intérêt) et de soutenir les jeunes porteurs de projets agricoles avec des conditions souples et adaptées à leurs réalités. Il favoriserait l’installation, l’innovation et la résilience économique.

  • Simplification des démarches administratives Les jeunes demandent une réduction des formalités complexes qui freinent l’accès aux dispositifs d’appui. Une simplification des procédures — notamment pour les coopératives et les microentreprises — permettrait une inclusion plus large et rapide.

  • Mise en place d’une plateforme numérique unique Cette plateforme centraliserait les appels à projets, les formulaires de candidature et les outils de suivi. Elle renforcerait la transparence, limiterait les risques de corruption et faciliterait l’accès à l’information, tout en réduisant les déplacements coûteux.

  • Renforcement des capacités en gestion, marketing et montage de projets Au-delà du financement, les jeunes ont besoin de compétences entrepreneuriales solides pour structurer leurs idées, gérer leurs ressources et accéder aux marchés. Des formations ciblées et continues sont essentielles pour sécuriser leurs parcours.

  • Déploiement d’incubateurs agricoles dans chaque province Ces structures d’accompagnement offriraient un appui technique, logistique et managérial aux jeunes porteurs de projets. Elles joueraient un rôle clé dans l’expérimentation, l’innovation et la mise en réseau des jeunes entrepreneurs.

  • Valorisation du numérique et des coopératives comme garanties mutuelles Le numérique peut faciliter l’accès à l’information, aux marchés et aux services financiers. Par ailleurs, les coopératives peuvent servir de leviers de mutualisation et de garanties collectives, renforçant la crédibilité des jeunes auprès des institutions financières.

  • Amélioration des infrastructures rurales (routes, stockage, énergie) Le manque d’infrastructures freine l’écoulement des produits, augmente les pertes post-récolte et décourage les investissements. Des routes praticables, des centres de stockage et un accès à l’énergie sont indispensables pour sécuriser les chaînes de valeur agricoles.

Une contribution stratégique pour le Collège régional

Ce témoignage structuré illustre les enjeux communs à de nombreux pays d’Afrique centrale. Il confirme la pertinence du Collège régional comme espace de capitalisation, de dialogue et de plaidoyer. Les propositions du Tchad pourraient nourrir une campagne régionale sur le financement et l’inclusion des jeunes, avec un impact transversal sur les politiques agricoles.

 #PROPAC2025 #InsertionJeunes #AgriLeadership #Tchad #AfriqueCentrale #Afdi 

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Mike ATANGANA

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