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Guinée équatoriale : les jeunes ruraux en quête d’un avenir agricole

07 November 2025
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Dans les zones forestières de Guinée équatoriale, où les pistes serpentent entre palmiers et bananiers, une jeunesse rurale longtemps reléguée en marge des politiques agricoles tente aujourd’hui de faire entendre sa voix. Portés par le Collège des jeunes de la FNOCGE (Fédération nationale des organisations de campesinos de Guinée équatoriale), les jeunes entrepreneurs agricoles revendiquent une place légitime dans le secteur : un accès équitable au foncier, à la formation, au financement. Et surtout, une reconnaissance institutionnelle.

À l’occasion de la rencontre régionale des jeunes entrepreneurs agricoles d’Afrique centrale, organisée à Douala du 3 au 6 novembre 2025 sous l’égide de la PROPAC et avec le soutien d’Afdi (Agriculteurs français et développement international), le Collège des jeunes de la FNOCGE a dressé un état des lieux sans détour, esquissant les fondations d’un plaidoyer pour une agriculture plus inclusive, durable et intergénérationnelle.

WhatsApp Image 2025 11 07 à 01.21.23 21f0e8d7Alors que les enjeux de sécurité alimentaire, de biodiversité et de résilience climatique s’imposent dans les agendas internationaux, les jeunes ruraux équato-guinéens restent en marge. Pourtant, leur engagement est tangible. Depuis sa création, la FNOCGE a structuré un département jeunesse actif, où les jeunes participent aux activités de terrain, aux formations et aux projets de développement. Mais les obstacles restent nombreux et profonds.

Le processus d’installation d’un jeune dans l’agriculture est balisé en théorie : avoir entre 18 et 40 ans, s’inscrire auprès d’une organisation paysanne, suivre une formation agricole, démontrer son activité. En pratique, les jeunes manquent de moyens, de visibilité et surtout d’accès au foncier. « Le diplôme n’est pas obligatoire, mais sans formation, on ne peut pas avancer », confie Rut Magdalena Ekua Nchama, vice-présidente du Collège des jeunes de la FNOCGE.

Les terres cultivables sont rares, souvent héritées ou disputées. Les femmes, en particulier, peinent à faire valoir leurs droits. Les crédits agricoles sont quasi inexistants, les intrants coûteux, les débouchés incertains. Beaucoup de jeunes renoncent ou quittent les zones rurales, perpétuant un cycle de pauvreté silencieuse.

Le gouvernement équato-guinéen a mis en place des politiques favorables à l’intégration des jeunes dans l’agriculture, notamment dans les zones forestières non affectées à des projets d’État. Des écoles publiques de formation agricole existent, mais leur couverture reste limitée. La FAO, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, appuie des projets de formation et de développement. Mais l’impact reste localisé et insuffisant.

« Il faut aller plus loin », plaide Francisco Nsogo Nsogo Nse, président du Collège des jeunes. « Nous avons besoin de mécanismes pérennes, de guichets dédiés, de financements adaptés à nos réalités. »

WhatsApp Image 2025 11 07 à 01.22.01 c1421b15La FNOCGE a mis en place une structure jeune dynamique, avec un bureau élu, des délégués en charge des projets et de la communication, et une liste de plus de cinquante jeunes membres actifs. Leur ambition est claire : faire entendre leur voix dans les instances nationales et régionales, participer aux forums de la PROPAC, tisser des liens avec les jeunes agriculteurs d’Afrique centrale.

Mais sans budget de fonctionnement, sans appui institutionnel fort, leur action reste fragile. « Nous avons les idées, les projets, les équipes. Ce qu’il nous manque, c’est le soutien », résume Maria Alba Efua Abeso Nnom, secrétaire générale.

Le plaidoyer porté par la FNOCGE est sans ambiguïté : reconnaître le rôle des jeunes dans la durabilité générationnelle de l’agriculture familiale, garantir leur accès aux ressources, renforcer les formations, sécuriser le foncier, et intégrer les jeunes dans les politiques agricoles nationales.

Alors que la Guinée équatoriale s’engage dans des stratégies de diversification économique et de relance post-pétrole, l’agriculture familiale portée par les jeunes pourrait devenir un pilier de résilience. À condition de ne pas les laisser au bord du champ.

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Mike ATANGANA

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